Suite à l'obtention de son Baccalauréat ès arts du Collège Saint-Louis en 1957, aujourd'hui l'Université de Moncton campus d'Edmundston, Claude Picard entame un voyage d'études en Europe qui lui fera découvrir l'Italie, la France et l'Espagne. « J'ai finalement été trois ans là-bas, j'ai pu vivre grâce à une levée de fonds organisée par le journal « Le Madawaska » et par le soutien de ma famille et de mes amis. J'ai pu apprendre en peignant Rome, Florence, Paris... »3 Suite à son voyage d'études, il sera hébergé pendant trois ans par son mentor P.C. Laporte, ce dernier lui apportera conseils et critiques qui sont des plus appréciés de Picard. « J'ai commencé à vivre de mon art en 1959, en donnant des cours et en acceptant des commandes surtout pour la conception de décors et de costumes de scène, de tableaux divers, de murales et de portraits. »4
Il revient donc dans son petit patelin s'inspirer de la vie madawaskayenne, de ses personnages et de ses paysages naturels. L'un des thèmes préférés de l'artiste est sans contredit la forêt, il a ainsi appris à s'inspirer non seulement de témoignages historiques mais de son vécu, créant ainsi paysages et personnages plus vrais que nature.
Quand j'étais enfant, on habitait aux limites de la ville, dans le bout des Bellefleur, on vivait alors en pleine nature. On longeait la rivière Madawaska pour aller à l'école, je me souviens qu'elle était recouverte de bois de pulpe. Je trouvais qu'il y avait une poésie dans les cours d'eau... Étant le plus jeune de dix enfants, je suivais toujours mes frères et soeurs, on aimait beaucoup les randonnées en forêt, la cueillette de petits fruits et pouvoir admirer l'immensité des arbres et des montagnes. Je trouve que la forêt apporte un sentiment d'accalmie tel qu'on retrouve dans une église. Quand on voit les arbres qui dessinent de grandes lignes montant vers le ciel et que les branches se rejoignent plus bas vers l'eau, l'atmosphère en est presque religieuse.5