Les billots suivaient alors le courant naturel des cours d'eau empruntés pour n'accoster qu'aux lieux de réception des innombrables moulins (voir vignettes historiques # 1, 2 et 4) ou encore aux lieux d'exportation pour rejoindre de lointains marchés (voir vignette historique # 1).
Le printemps venu, le ruisseau gonflé par la fonte des neiges s'emparait des billots énormes déposés sur ses rives et les entraînait dans le courant rapide. Le bûcheron partait à la suite, une longue perche ferrée à la main, les poussant devant lui, et les suivant jusqu'à la scierie mécanique qui en faisait des poutres et des planches. D'autres pièces confiées au courant du fleuve descendaient jusqu'à Saint-Jean, toujours escortées par les bûcherons, les draveurs, qui ne les quittaient qu'après les avoir chargées sur les bateaux qui les transportaient au-delà de l'océan.13
C'est de cette façon que le bois fut transporté jusqu'à ce que d'autres moyens de transport plus sûrs et efficaces voient le jour et relient les lieux de coupe aux usines. Le travail en forêt tel qu'on le connaissait au cours de la 2e demie du 19e siècle allait bientôt se trouver transformé au cours du 20e siècle par l'avènement de technologies et de procédés nouveaux.
Malgré cela, les chantiers ne sont pas choses du passé pour autant. Plusieurs bûcherons y travaillent encore durant les mois d'hiver, mais verront leur travail se transformer radicalement avec l'automatisation et l'industrialisation. Ils verront les chevaux se faire remplacer peu à peu par des « log haulers », puis par des « timber jacks », leurs équipes de travail passer de dix à deux ou trois hommes et leur conditions de travail non plus associées aux chantiers, mais bien l'usine.